ORGUEIL - Tarn-et-Garonne
Histoire d'un village rural
Au 9e siècle on trouve déjà trace du village
d’Orgueil. Cette paroisse dépend alors de l’abbaye de Saint-Sernin de Toulouse.
Vers 1135 la paroisse est donnée par Pierre-Raymond de Saint-Audard aux
Hospitaliers de Fronton qui en font une sauveté. A l’époque le Tarn est une
rivière navigable et Orgueil est un asile sûr construit sur les bords du Tarn,
en bas de la colline où il est situé actuellement. Vers 1196 le seigneur Sicard
de Villemur fait don aux Hospitaliers de Fronton de ses droits sur la chaussée
d'Orgueil.
En 1211 Simon de Montfort met à feu et à sang
les terres occitanes. Orgueil appartient alors au Comté de Toulouse. Quand le
Roi de France prend possession du Comté de Toulouse, Orgueil devient une
bastide, quitte le Comté de Toulouse et est dotée d’une charte de coutumes.
Orgueil est cependant toujours la propriété des Chevaliers de Saint Jean, moines
hospitaliers, il devient une commanderie de l’ordre. En 1268 le Grand-prieur de
Saint-Gilles, Feraud de Baras, accède à la demande des consuls d'Orgueil et
octroit à Orgueil les mêmes coutumes que celles dont dispose Fronton depuis
1248. En 1259 une forge banale est construite dans le village et le
Grand-prieur, Guillaume de Villaret, en dresse la réglementation.
La circulation sur le Tarn, les moulins et la pêche sont les principales
ressources de la commanderie de Fronton. En 1298 un moulin est établi à Orgueil
et en 1332 un port, l'autorisation royale de construction du port avait été
donnée à la condition que soit entrenu un passage pour les piétons et un bac
pour les charrettes.
Les hospitaliers avaient acheté le monopole de la pêche effectuée à la chaussée
d'Orgueil.
Au début du 15e siècle le village sera
fortifié pour faire face aux attaques des routiers (brigands) qui dévastent
régulièrement la contrée.
Les guerres de religions verront plusieurs
fois la destruction du village et le nom du village apparait très souvent dans
les annales de l'époque (entre 1573 et 1680), la garnison de Montauban semblant
vouloir à tout prix conquérir le village du fait de sa situation sur le Tarn.
Après une dernier attaque encore plus
dévastatrice, le village se reconstruit sur la colline, près du cimetière actuel
où on trouve trace d’une nouvelle église vers 1680 (voir la page de l'histoire de l'église). La paroisse
dépend alors de nouveau de l’archevêché de Toulouse après avoir été rattachée au
diocèse de Montauban lors de la création de celui-ci en 1317 par le pape Jean
XXII.
La rivière Tarn est alors un axe important de
communication et de commerce. Orgueil possède un port, des passeurs font
traverser la rivière, des moulins utilisent la force de l’eau.
L’activité du village d’Orgueil est déjà tournée vers le vin. Descendant le
Tarn, des bateaux transportent les récoltes vers Bordeaux et puis l’Angleterre.
Le village abrite alors plusieurs briqueteries qui engendrent des trafics
fluviaux pour le commerce des briques mais aussi pour le charbon nécessaire aux
fours.
Pendant la révolution, Orgueil conservera son
activité agricole et on ne relate pas de troubles particuliers sur le territoire
de la commune.
Le 19e siècle est le siècle des progrès
mécaniques et les axes de communication terrestres se développent. En 1840, la
nationale 13 relie Montauban à Castres. En 1872 le chemin de fer relie Montauban
à Saint-Sulpice (Tarn), le trafic sur la rivière baisse inexorablement et le
village d’Orgueil déménage une troisième fois pour se rapprocher de la route
nationale et de la voie ferrée, nouvelles voies de commerce et de communication.
Sortent alors de terre une nouvelle église, une Mairie-école et le village se
développe le long de la route nationale où il regarde encore et
toujours passer les gens pressés, même si la route est devenue départementale.
La rivière Tarn est délaissée, les métiers
liés à l’eau disparaissent peu à peu: un pont est construit pour traverser la
rivière entre Orgueil et Reyniès faisant disparaître les passeurs, le train
remplace les péniches et le chemin de halage ne sert plus aux chevaux. Orgueil
va rentrer dans le 20e siècle.
Le 19e siècle a cependant fait rentrer le
village d’Orgueil dans l’histoire, faisant de son nom un nom utilisé par des dizaines de scientifiques, qui ne
doivent pas toujours savoir où ce trouve ce village. En effet le 14 mai 1864 une
météorite rare, 7 de ce type connues dans le monde, est tombée sur le territoire de la
commune. Cette météorite, que la municipalité a immortalisé par un monument à
l’entrée du village, est connue sous le nom d’Orgueil et dans les articles
scientifiques on lit souvent : « Orgueil est … » pour désigner la météorite qui
arriva avec de l’eau sur terre, a commencé sa course alors que la terre
n’existait probablement pas, contient des diamants et des traces d’acides aminés
pouvant faire espérer que la vie existe ailleurs (tous les liens et plus
d’explications sur la page "météorite" de ce site WEB).
En 2001 la météorite d’Orgueil était présentée dans une exposition itinérante
sur les diamants.
La commune a érigé en 2002 un monument à l'entrée du village (en venant de
Labastide-Saint-Pierre), sur le rond-point à côté du nouveau groupe scolaire.
Il existe un autre monument commémorant la chute de la météorite, il est situé à
l'entrée du village coté Nohic, en face de la casse auto, ce monument fut érigé
en 1964 par la commune pour fêter le centenaire de la chute de la météorite.
Le 20e siècle va voir évoluer le village
vers ce qu’il est aujourd’hui en ce début du 21e siècle.
Au début du 20e siècle Orgueil est une
commune agricole, essentiellement viticole. Comme partout en France, les grandes
propriétés disparaissent peu à peu, il est difficile de trouver de la main
d’œuvre chacun cultivant un petit terrain. La grande guerre réduira encore plus
cette main d’œuvre et le village comme tous les villages de France payera un
lourd tribu à cette drôle de guerre, le monument au centre du village livre les
noms de ces jeunes hommes morts pour la France (visitez les pages consacrées au
monument aux morts et aux noms gravés à jamais sur celui-ci en cliquant
ICI).
Il y aura la crue du Tarn en 1930, la guerre
encore une fois mais plus proche du village, la France étant entièrement
occupée. A Orgueil se sont installés des allemands, ils avaient même mis en
place un parcours de sport là où se trouve actuellement le panneau de basket.
Après cette guerre, le progrès envahit la vie courante et le village évolue.
Dans les années 50, on trouve dans le village des commerces, une forge, …, des
immigrants s’installent, les années 60 passent très vite.
A partir des années 70, les commerces
disparaissent peu à peu, les années 80 les verront disparaître totalement comme
disparaissent peu à peu les exploitations agricoles. Pourtant le village
continue à se développer et la population augmente inexorablement: 535 habitants
en 1915, 630 en 1982, 823 en 1990, 1000 en 1995.
Le nouveau siècle va voir cette population augmenter
encore: 1149 habitants en 2001, 1165 en octobre 2002, 1241 en 2006, 1335 en 2008, 1425 en 2010, 1485 en 2013, 1544 en 2014
et
1610 en 2016 (consultez le site de l'INSEE
pour plus d'informations). Plus de 46% d'augmentation en vingt ans, un taux de
progression annuel de plus 2% et même de 3,4% sur les 10 dernières années! 473 foyers permanents composent le village.
En 2007 sur la demande impérative de La Poste et des
services de secours départementaux, la municipalité a donné des noms aux rues et
routes du village et chaque maison s'est vue affecter un numéro,
Orgueil rentre dans l'ère moderne.
Pour qu’un village vive, il faut que des
jeunes s’installent et c'est le cas, 80% de la population a moins de 60 ans et
60% moins de 44 ans. Pour preuve il suffit de regarder les effectifs de l’Ecole Primaire
: 25 élèves en 1984, 41 en 1988, 75 en 1990, 89
en 1992, 91 en 1995, 109 en 1996, 126 en 1997, 143 en 1999, 150 en 2000, 160 en
2001, 176 en 2002. La rentrée 2002 avait vu l'ouverture de la 7ème classe,
c'était la cinquième ouverture de classe depuis 1989. Pour accueillir les
enfants un nouveau groupe scolaire est alors sorti de terre (voir les photos
dans l’album photo disponible
sur ce site).
Malgré les problèmes récurrents pour une
petite commune pour trouver de l'argent, ce nouveau groupe a pu s'agrandir. En
2006, une classe supplémentaire a pu être construite, ainsi à la rentrée
scolaire 2006/2007 l'ensemble des classes maternelles, soit 85 enfants, avait
été regroupé dans le nouveau groupe scolaire. L'année 2007 devait voir le début
de la troisième tranche des travaux qui aurait permis de construire une cantine
scolaire, les finances de la commune ne l'ont pas permis et cette tranche a été
réalisée à partir de 2009. Deux autres transches de travaux ont été faites à partir de 2015 et des aménagements tel qu'un parking pour le personnel a été réalisé en 2017.
A la rentrée scolaire 2006/2007 179 enfants fréquentaient l'école publique
d'Orgueil et à la rentrée scolaire 2007/2008 175 enfants étaient présents.
Depuis 2009 avec les nouveaux arrivants les effectifs se remettent à progresser,
à la rentrée scolaire 2010-2011 182 élèves fréquentaient l'école et une
huitième classe a ouvert ses portes. Cette huitième classe a
été confirmée à la rentrée 2011-2012 les effectifs étant encore en augmentation
mais a fermé à la rentrée 2012-2013, fermée depuis elle reverra peut être le jour à la rentrée 2018 ou 2019 les effectisf étant de nouveau en augmentation.
Pour disposer de logements, Orgueil a travaillé
avec les offices HLM qui en 1985 ont réhabilité une ancienne ferme pour aménager
4 logements et construit autour du bâtiment 10 logements sociaux en pavillons.
En 1992, une deuxième tranche de travaux permettait de construire 5 villas
individuelles dans le lotissement et en 1999 5 pavillons H.L.M supplémentaires
sortaient de terre. Ces logements sociaux agréables à vivre ont fait s’implanter
des familles jeunes et actives.
Le nouveau siècle a démarré avec la construction de lotissements privés : en
2007 deux lotissements privés ont créé 30 lots constructibles, en 2008 deux
autres lotissements ont vu le jour et d'autres vont arriver. La municipalité actuelle a démmaré un chantier de concertations avec les habitants pour l'aménagement du centre bourg. En 2018 des travaux de réhabilitation de la maison Mahé-Nègre, située entre le café et l'église, va être entreprise avec Tarn-et-Garonne Habitat.
Orgueil est toujours une commune rurale, en
pleine zone de l’AOC côtes du Frontonnais, mais la majorité de sa population
travaille en dehors du village: Orgueil est situé dans le bassin de population
desservant Toulouse, qui n’est qu’à 40 kilomètres, et Montauban, situé à moins
de 20 kilomètres.
Cet équilibre entre ville et monde rural a été mis en péril pendant un temps par
des projets d'aéroport mais la population s'est mobilisée comme toutes celles
des communes concernées pas ces projets d'aéroports (8 sites potentiels autour
de Toulouse!) et le projet a été stoppé, espérons qu'il l'est définitivement.
L'agriculture
survivra t elle réellement dans ce nouveau siècle, il est de plus en plus
difficile de trouver des jeunes qui veulent s'installer et ceux qui essayent
n'ont pas toujours mesuré l'effort nécessaire pour vivre de la vigne et des
autres cultures. Espérons pourtant que notre village ne deviendra pas un village
dortoir. Il a pour l'instant d'autres challenges à relever : faire face à la
croissance démographique et aux nouveaux besoins des populations jeunes. Il va
devoir passer de village à une petite ville moderne dans un contexte économique
qui entraînera un désengagement toujours plus grand de l'état et demandera donc de financer les
travaux sur le budget propre du village, un vrai challenge pour le futur.